Définition : Un mortier ou lance-mine ou lance-grenade pour les plus petits, est une bouche à feu tirant à inclinaison élevée (plus de 45°), pour effectuer des tirs indirects.
La trajectoire courbe, en forme de cloche, du projectile permet d'atteindre un objectif placé derrière un obstacle, qu'un canon ne permet pas d'engager car la trajectoire de son projectile est tendue.
L'énergie produite par le recul est directement absorbée par le sol ou la plate-forme renforcée d'un véhicule. L'arme a un tube court et généralement lisse, sans rayures. Dans la plupart des cas, il est chargé par la bouche, la munition étant mise à feu en tombant sur un percuteur fixe.
Une autre variante peu utilisée du mortier est celle dite à spigot, où le projectile enveloppe le lanceur réduit alors à une simple tige guide. (type Granatenwerfer 16)
Historique :Le mortier moderne, naît dans la boue des tranchées de la Première Guerre mondiale, l'infanterie ayant besoin d'une arme pour atteindre son adversaire dans la tranchée en face. On met au point une série d'armes pratiquant le tir courbe, comme les lance-torpilles ou les lance-grenades.
En 1915, Sir Wilfred Stokes met au point son trench mortar, littéralement mortier de tranchée, qui devient le premier mortier moderne. Appelée crapouillot par les soldats français, cette arme et ses dérivés sont utilisés tout au long de la guerre avec un grand succès. En effet, sa trajectoire courbe permet d'atteindre plus facilement les tranchées adverses que l'artillerie qui tire très en arrière du front.
Après la guerre, ces armes sont améliorées et donnent le mortier tel qu'il existe de nos jours. Il est rendu démontable et transportable par de petites équipes et les munitions sont rendues extrêmement efficaces par l'emploi de la fusée percutante, explosant au choc. C'est la société Brandt qui fixe le standard du mortier d'infanterie, avec ses deux modèles conçus dans les années 1920, le mortier Mle 27/31 de 81 mm et le 60 mm.
Cette nouvelle arme est très mobile car elle se démonte en trois parties, l'embase, le tube et le bipied, toutes les trois transportables par un homme à pied.
Sa munition, l'obus de 81 mm, est terminée par une queue empennée, autour de laquelle est fixée la charge propulsive.
Elle est facile d'emploi : il suffit de la lâcher dans le tube et, arrivant au fond, l'amorce, située à son extrémité arrière, est mise à feu par un percuteur fixe au fond du tube.
Ce principe est simple, le tube n'a pas de parties mobiles compliquées à fabriquer et un tireur entraîné arrive à tirer entre vingt et vingt cinq obus à la minute. Les opérations de pointage et de mise en batterie restent simples et ne nécessitent pas un personnel nombreux ni des équipements spécifiques comme les pièces d'artillerie conventionnelles, on règle la portée en inclinant plus ou moins le tube avec une manivelle située sur bipied et en ajoutant et retirant des portions de la charge propulsive.
L'observation et le réglage du tir peuvent être effectués à la jumelle.
Cette arme s'impose très vite, et est adoptée ou copiée de façon plus ou moins modifiée par la plupart des armées.
Nota, L'URSS choisit par exemple d'utiliser le calibre de 82 mm, qui a l'avantage de pouvoir utiliser les munitions de 81 mm, moyennant une perte de précision, l'inverse étant impossible.
Dotation :Fantassins Allemand servant le mortier de 8cm GrW34. Ce mortier se trouvait en dotation au sein de la compagnie de mitrailleuses de chaque bataillon d'infanterie. Ils furent par la suite affectés aux compagnies d'infanterie, à raison de deux pièces par compagnie.
Sa précision et sa cadence de tir valurent au 8 cm schwere granatwerfer 34 la crainte respectueuse de tous les soldats alliés qui eurent affaire à cet arme sur les théâtres d'opérations.
L'engin faisait partie des armes réglementaires de l'infanterie allemande de 1939 aux tout derniers jours de la guerre. Bien que ce mortier ait été produit par Rheinmetall Börsig AG, il s'agissait en fait d'une adaptation allemande du modèle 27/31 français de Brandt, et le calibre restait le même, 81,4 mm.
La conception d'ensemble du sGrW 34 ne représentait rien de particulièrement remarquable, malgré sa flatteuse réputation. Elle lui venait d'ailleurs principalement des soldats qui le mettaient en oeuvre ; un entraînement très rigoureux leur permettait presque toujours de l'emporter sur leurs rivaux, et ce, tout au long du conflit. Ils savaient à merveille tirer parti de leur arme, ne perdaient pas de temps à l'utiliser, puis à décrocher, et l'emploi minutieux des tableaux de contrôle et des commandes de réglage du tir donnait à leurs salves une précision très vulnérante
De part les faibles pression à l'intérieur du tube, les obus peuvent contenir une charge explosive importante. Cela ajouté à un angle de chute important provoque une bonne répartition des éclats et fait du mortier une arme anti-personnelle plus efficace que ne l'est le canon.
Ces avantages sont compensés par une précision moins importante à longue portée. Pour un mortier de 81 mm, le rectangle de dispersion est d'environ 20 m de profondeur sur 5 m de large, pour un tir à 500 m.
Organisation :Le mortier classique est constitué de trois parties:
* Le tube : en acier lisse, il comprend en général le dispositif de mise à feu constitué d'un sorte de percuteur placé au fond du tube. Quand un obus est glissé dans le tube, il descend au fond puis le percuteur fait détoner l'amorce qui fait exploser la charge de propulsion, l'obus est ainsi projeté hors du tube.
* La plaque de base: Elle supporte la partie arrière du tube. Conçue pour répartir la poussée des gaz engendrés par le tir, sur la plus grande surface possible, pour éviter le risque d'enfoncement de la pièce.
* Le bipied: Il supporte le tube ainsi que le système de pointage permettant de régler le tir en direction et en angle et de compenser les irrégularités du sol. L'appareil de pointage permet aussi d'effectuer des tirs directs (le pointeur voit sa cible).
Caractéristiques :Ils peuvent tirer des projectiles de 0,450 kg à 1,500 kg avec une portée de 500 à 1800 m pour les mortiers légers et moyens.
Pour les mortiers lourds (100 mm et plus), le poids du projectile peut atteindre 7 kg, pour une portée de 11 000 m.
Poids 62 kg
Poids du tube 57 kg
Longueur du tube 1,143 mm
Poids de l'obus 3.5 kg
Calibre 81.4 mm
Elevation 45° à 90°
Traverse 10° à 23°
Cadence de tir 15-25 coups par minutes
Vitesse en sortie de bouche 174 m/s
Portée maximum 2,400 m
Une version courte est apparue en 1942 afin de subvenir au besoin des parachutistes.
GrW 42 de 8cm Kz
Poids 26.5 kg
Longueur du canon 747 mm
Poids de l'obus 3.5 kg
Calibre 81.4 mm
Élévation 40° à 90°
Traverse 14° à 34°
Cadence de tir 15-25 coups par minutes
Portée maximum1,100 m
Cette portée réduite à 1 100 mètres mais suffisait largement pour les engagements.
Il fut rapidement déployer sur les fortifications de l'atlantique et notamment en Normandie ou il servit également lors des batailles du Bocage et plus généralement pendant la bataille de Normandie.
Les munitions :Comme le tube d'un mortier est lisse, la stabilité du projectile est obtenus par un empennage à ailettes. Cet empennage reçoit les charges relais permettant de propulser l'obus. Le nombre de charges variant suivant la distance à atteindre.
Outre les obus de type brisants et fumigènes, il faut également citer des projectiles d'illuminations, destiné à faciliter la tâche à l'aviation lorsqu'elle se livrait à des attaques au sol. Il y en avait même un, le 8 cm Wurfgranate 39, qui rebondissait en l'air après avoir touché la cible grâce à un minuscule moteur : une fois parvenu à une certaine hauteur, il explosait en rependant ses fragments en tous sens au-dessus d'une zone d'impact bien supérieure à la normale.
Cette innovation restait pourtant trop coûteuse, et d'une fiabilité trop faible pour pouvoir donner lieu à une production de masse.A l'impact, l'obus percute d'abord le sol puis rebondit pour n'exploser qu'a une hauteur de 1 m environ, projetant une gerbe d'éclats dans toutes les directions.
Les mortiers peuvent tirer des munitions explosives, éclairantes, fumigènes et certains peuvent tirer des obus aux phosphores (Us notamment).