- david@leslufteaux.com a écrit:
- Une moto électrique?
Les premiers véhicules étaient électriques, et jusque dans les années 1930 l'hégémonie du moteur thermique n'était pas définie.
Traditionnellement, on considère 4 grandes phases où la voiture électrique apparaît comme alternative : 1830-1914 ;
1940-1945 ; 1960-1980 ; 1990-2003.
Dans les première années de l'automobile, il n'y avait pas d'opposition entre les techniques, toutes les technologies étaient considérée à égalité. Or ce sont les courses automobiles qui contribuèrent à façonner les représentations sur les performances intrinsèques des véhicules : elles sont la pour montrer la robustesse des véhicules, la fiabilité. La première course est
Paris-Bordeaux-Paris en 1895, 1 200 km, qui devait démontrer la fiabilité des voitures. Toutes les technologies étaient représentées. Considérée comme une course sportive, celle de Levassor arrive en première, montrant sa supériorité sur les autres. Historiquement, cette course consacre la suprématie de la voiture thermique.
Emile Levassor, sur la sportive (
)
Panhard & Levassor no 5 4 hp Phenix 2-places, gagnant de la course de 1895
Le début du XXème est considéré comme l'âge d'or de la voiture électrique car à cette époque la voiture électrique était le mode de déplacement automobile le plus fréquent et le plus vendu (4 192 voitures vendues aux USA, pour l'époque c'est énorme). Les voitures électriques ont une réputation de voiture moins odorante. Mais les ventes déclinent avec l'essor du pétrole, ainsi que la transportabilité du carburant (élément fondamental qui va asseoir la suprématie d'une technique sur l'autre). Très rapidement la voiture électrique tombe en désuétude par coût, praticité. A cela on ajoute la technicité demandée pour la confection des batteries, le choix des constructeurs qui privilégient le tramway électrique, mais aussi l'essor du fordisme (avec la Ford-T, au moteur thermique). Plus aucun programme n'a financer l'amélioration des voitures électriques. En dehors de quelques exception, la technologie électrique disparaît.
Il faut attendre l'occupation pour voir renaître la voiture électrique. A partir de 1940, un chef d'entreprise décide de concevoir une voiture électrique. La CGE, principale compagnie électrique, pense que si l'occupation demeure on aura besoin d'une alternative. Dans ce cadre, la CGE demande à un ingénieur, Jean-Albert Grégoire, de concevoir une voiture électrique qui pourrait permettre une commercialisation de masse. Il créé donc la TUDOR, véhicule performant, mais qui coûte 4x plus cher qu'un véhicule thermique. A cette époque, Peugeot avait commencé à réfléchir à un moyen de commercialiser de petits véhicules électriques, les VLV.
La CGE-TUDOR
Ce petit épisode historique contribue à ancrer l'idée que la voiture électrique constitue une alternative à la voiture thermique, une alternative sérieuse dans le cas où le pétrole viendrait à manquer. C'est ainsi qu'à chaque crise pétrolière on a entendu parler de la voiture électrique comme représentation de l'avenir de la mobilité. A partir de la WW2, la voiture électrique devient une alternative au pétrole. Ce n'est qu'à partir des années 70 que le rapport avec écologie, finitude du pétrole, va s'instaurer comme un paradigme dominant.
Tout ça pour dire que des véhicules électriques aux mains d'allemands en uniforme ne me paraît pas du tout anachronique, bien au contraire