Depuis maintenant plusieurs mois, je réfléchis à de nouvelles méthodes d’entraînement afin de d’enseigner la théorie de la doctrine d’infanterie allemande durant la seconde guerre mondiale.
En effet, au-delà des enseignements pratiques, il est nécessaire de connaître la théorie pour permettre une réelle compréhension des exercices pratiques et ainsi, une véritable assimilation par les soldats.
C’est à cet effet, que je créer ce post pour vous présenter le « kriegsspiel » et l'utilité de celui-ci pour notre activité.
Pour une question de clarté, la réflexion sera divisé en deux parties dont la première portera sur une mise en contexte du kriegsspiel et une seconde partie, un peu plus longue, sur les utilisations possibles de cet outil dans notre activité.
I) Qu’est ce que le Kriegsspiel ?Le kriegsspiel ou wargame en anglais, qui signifie littéralement « jeu de guerre » en allemand est créer par un officier prussien, Reisswitz en 1812, dans le royaume de Prusse.
Le kriegsspiel, au-delà de son aspect ludique, désigne (à la différence du wargame) un outil pédagogique et de recherche pour l’armée prussienne, allemande ainsi que de nombreuses autres armées. A cet effet, à partir des années 1840, le kriegsspiel est utilisé pour la formation des officiers et s’ouvre au corps des sous-officiers après 1918.
Concernant son aspect pratique, le kriegsspiel se déroule sur une carte à des échelles différentes selon l’échelon (compagnie, bataillon, régiment etc.) et le public (officier ou sous-officier) visé. Deux équipes composé chacune d’un ou plusieurs joueurs, s’affrontent avec des règles qui visent à reconstituer le plus fidèlement possible les conditions de la guerre et ses aléas. Enfin, un arbitre gère le bon déroulement de la partie et est charger de d’expliquer les enseignements du jeu écoulé aux participants.
Dessin présentant des officiers prussiens jouant une partie de kriegsspiel.
II) L’usage du kriegsspiel en reconstitutionLe kriegsspiel peut-être utilisé de trois manières dans notre activité. Une, généralement réservé aux cadres leur permettant d’assimiler et de pratiquer théoriquement les fondamentaux du combat d’infanterie sur une carte avant de travailler avec la troupe. La deuxième est plutôt destiné aux hommes du rang sur un « bac à sable » permettant de travailler théoriquement les rôles au sein du groupe de combat et les formations (ligne, colonne, passage de la colonne à ligne etc.) devant être connues de la troupe.
Enfin, la troisième concerne l’utilisation du bac à sable comme support des actions militaires à destination des cadres.
Nous allons donc premièrement nous concentrer sur l’explication de l’utilisation du bac à sable.
Photo présentant un bac à sable vide. Le support mesure 67 cm de long pour 50 cm de largeur.
Comme dit précédemment, le bac à sable est principalement destiné à l’enseignement théorique des formations à la troupe ainsi que l’explication des rôles incombant à chaque soldat du groupe de combat. Les formations devant être connues par la troupe sont les suivantes : la ligne, la colonne, le chevron, l’ordre de marche et la formation d’arrêt (360 degrés).
De plus, la troupe doit maîtriser le passage de la ligne à la colonne et de la colonne à la ligne.
Concernant la mise en place du cours sur bac à sable, celui-ci peut-être réalisé sur support (voir ci-dessus) qui devra être « décorer » ou à même le sol avec les éléments naturels à disposition (feuilles, terre, sable, pierre etc.), chacun représentant un élément précis.
Photo présentant un bac à sable « décoré » représentant la plage de Juno.
Le bac à sable peut aussi être utilisé comme support de briefing en prévision d’une future action comme le montre ces deux captures d’écrans ci-dessous.
Capture d’écran présentant un briefing sur bac à sable issue de l’épisode 10 «Verstaubt sind die Gesichter»
Capture d’écran présentant un briefing sur bac à sable issue de l’épisode 10 «Verstaubt sind die Gesichter»
Ces deux captures d’écran montre la reproduction la plus précise possible d’un terrain donné avec ses reliefs (collines), sa végétation plus ou moins dense etc.
La reproduction du terrain permet une meilleure appréciation de la situation à venir, évitant au maximum les aléas lié à la connaissance du terrain et apporte plus de clarté aux propos du chef de briefing
Pour finir notre partie, nous allons nous pencher sur l’utilisation du kriegsspiel sur carte pour les cadres.
Capture d’écran issue du site web de l’International Kriegsspiel Society présentant un kriegsspiel sur carte entre deux armées.
Comme dit précédemment, le kriegsspiel sur carte permet aux cadres d’assimiler théoriquement la doctrine avant de la mettre en pratique lors de manœuvres avec la troupe.
Le kriegsspiel se joue sur une carte allant de l’échelle 1/5000 (1cm sur la carte équivaut à 50m dans la réalité) à 1/20000 (1cm sur la carte équivaut à 200m dans la réalité).
Un directeur de jeu ou arbitre encadre la partie et doit planifier celle-ci en mettant en place un scénario précis permettant d’utiliser une facette précise de la doctrine du combat d’infanterie.
Ainsi, l’utilisation d’une carte à l’échelle 1/5000 permet de se focaliser sur l’apprentissage, pour un chef de groupe, de son rôle, de ceux de ses soldats, des ordres à donner lors d’une situation précise et de la gestion d’une action offensive ou défensive. A l’inverse, l’utilisation d’une carte à l’échelle 1/20000 permet de travailler la gestion d’une section pour les officiers, voire même d’une compagnie, dans diverses situations.
Concernant la jouabilité du kriegssiel, celui-ci doit être réguler par un ensemble de règles qui doivent être adapter à l’échelon travaillé (échelon groupe et section, échelon compagnie, bataillon etc.). Nous concernant, nous devons travailler à l’échelon du groupe et de la section. En ce sens, le kriegsspiel est réguler par la « règle Verdy du Vernois » dont une analyse et une explication des règles sera publié dans les prochaines semaines. Par ailleurs, en raison de recherches encore en cours, je ne traiterai des pièces militaires du kriegsspiel.
Une fois l’environnement du kriegspsiel prêt, les participants au jeu se divisent en deux équipes d’un ou plusieurs joueurs selon le scénario. Le directeur de jeu énonce le scénario, transmet et explique les objectifs qu’il attend des participants. Une fois, le scénario, les objectifs et les objectifs compris par les joueurs, le kriegsspiel peut commencer.
A la fin du kriegsspiel, le directeur de jeu doit réaliser un débriefing avec les participants afin de souligner les points positifs et les points à améliorer. Une grande importance doit être apporté à la réalisation du débriefing pour tirer de la partie écoulé des enseignements. En ce sens, le debriefing devra comporter en premier lieu, une synthèse chronologique de la partie, puis une discussion des décisions positives et négatives des participants. Afin de permettre de tirer des enseignements concrets d’un kriegsspiel, celui-ci ne devra pas excéder 1h de jeu, puis 30 minutes maximum de débriefing, sous peine de noyer d’informations et de questionnements les participants.
Conclusion :Pour conclure, le kriegsspiel sur carte ou au travers d’un bac à sable permet d’assimiler de familiariser les soldats, à tous les niveaux, à la théorie du combat d’infanterie ainsi que leur rôle personnel et collectif. Une « visualisation » de la théorie avant un exercice pratique augmente les chances de succès puisque les acteurs connaissent le déroulé des procédures à appliquer. Enfin, l’utilisation du bac à sable avant une action nécessitant une grande préparation, permet une meilleure visualisation des objectifs et réduit les aléas une fois l’action engagée.
Bibliographie, sitographie à venir...